Journées européennes de l’archéologie : Zoom sur l’Oppidum
Depuis 12 ans, les Journées européennes de l’archéologie (#JEArcheo) invitent le public à plonger dans le passé, à explorer les traces matérielles des sociétés depuis la Préhistoire. Nous profitons de cette occasion pour faire un zoom sur l’Oppidum celtoligure de Roquefavour fouillé durant 10 ans sous autorisation ministérielle par le Groupe d’études Archéologiques de Ventabren (GEAV), présidé par Jean-Pierre Musso, chargé du patrimoine archéologique de Ventabren.
Arrêtons-nous quelques instants sur notre village. Véritable nid d’aigle provençal enraciné dans un long et riche passé historique et archéologique, Ventabren est un village bien de chez nous, qui a conservé son histoire. L’imbrication des maisons les unes dans les autres, le chevauchement des toitures, l’étroitesse des rues, bref, l’ensemble architectural témoigne de notre ruralité provençale.
L’Oppidum de Roquefavour, également dénommé le camp des Romains ou le Baou de Mario, site d’habitat perché, forme une véritable bourgade selon un plan préconçu. C’est l’attestation d’une occupation indigène importante. Il n’avait jamais été fouillé officiellement, si ce n’est par quelques «clandestins» y ayant effectué des «trous», dans l’espoir de récupérer des objets de collection, terriers détruisant à tout jamais une stratigraphie antique. Culminant à 181,60m d’altitude, sa position le présente comme un poste clé important, véritable «verrou», commandant le passage qui mettait en relation la basse Vallée de l’Arc et l’Étang de Berre.
D’une surface de 6 ha, il est reconnu comme l’un des plus vaste de la Provence Occidentale. Il est défendu à l’Est par les escarpes naturelles qui dominent la plaine des Milles et de Roquefavour, du type éperon barré. Puissant dans son système défensif, il est ceint au Nord par un rempart de bel appareillage, longé extérieurement par un fossé creusé dans le roc. En amont de celui-ci, nous trouvons des blocs de pierres dressés, afin d’interdire toute approche aux engins lourds, lesquels se voyaient dans l’obligation d’emprunter le chemin antique surveillé du haut du rempart.
La zone fouillée par le GEAV a intéressé un quartier d’habitations et une rue le desservant. Les découvertes effectuées ont pleinement mis en valeur l’ancienneté du site. Dès le 3ème siècle avant notre ère, les lieux sont occupé. En témoignent des vestiges métalliques et céramologiques de cette période. Mais c’est entre 70/50 avant notre ère que se situe la période d’occupation principale du site, comme en témoignent les matériels recueillis.
C’est à cette époque que l’habitat est organisé selon un plan d’urbanisme à l’architecture ordonnée. Entre 25/15 avant JC, le village fortifié est abandonné, présentant ainsi a priori une occupation assez brève de l’oppidum. On pourrait imaginer que les légions romaines du Général Marius aient installé leur camp ici en 103 avant JC afin de fondre sur les Cimbres et Teutons. Les légendes sont vivaces… et parfois romancées ! Le matériel archéologique exhumé, véritable fossile directeur d’une archéologie moderne et comparative, nous permet de proposer scientifiquement que l’Oppidum de Roquefavour présente les caractéristiques d’une occupation celto-ligure, au sens large du terme, au faciès particulier des Oppida, et en aucun cas pour l’instant, d’une présence militaire en provenance de Rome.
Ventabren fait partie des communes qui ont su conserver leur patrimoine. Celui-ci est en partie présenté au Musée Archéologique du vieux village, à l’Office du Tourisme.
Vous souhaitez participer aux Journées européennes de l’archéologie ? Pendant trois jours, plus d’un millier de manifestations seront proposées à toutes et à tous partout en France : ouverture exceptionnelle de chantiers de fouilles, activités pédagogiques et ludiques, rencontres avec des chercheurs, découvertes de laboratoires, expositions, projections… Découvrez les événements et le programme complet ici.